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L’HÉRITAGE AFRICAIN DE L’ASIE DU SUD

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L’héritage africain de l’Asie du Sud : Génétique, Langue et Philosophie

Résumé :

La linguistique considère que les langues évoluent trop vite pour être étudiées au-delà d’une certaine durée. On ne pourrait pas remonter au-delà d’une certaine limite souvent fixée à environ dix-mille ans en arrière, en l’absence de traces écrites.

L’autre idée largement dominante de la linguistique, est que le langage se serait développé tardivement chez l’homme et que les différents langages humains auraient évolué depuis de grandes familles plus ou moins séparées les unes des autres. Cette thèse n’est pas sans rappeler l’idée d’une origine multirégionale de l’humanité, qui a longtemps été dominante, avant que les découvertes majeures de la génétique, l’archéologie, ne fassent sensiblement pencher la balance pour l’origine africaine de l’ensemble de l’humanité.

La présente étude tend à montrer que le langage s’est aussi d’abord développé anciennement en Afrique, puis s’est répandu et modifié au gré des migrations humaines. Notre idée est que les langues ont divergé de leurs origines africaines, à mesure que leurs locuteurs se sont éloignés de leur foyer africain et d’une langue commune, elle aussi africaine. En particulier, il semble que l’éloignement, l’environnement nouveau (faune, flore, saisons, alimentation) et les nouvelles réalités socio-culturelles à nommer aient eu une influence de premier ordre, inévitable lorsque le langage n’est pas standardisé et formalisé par écrit.

Notre étude porte principalement sur les langues et populations japonaise, dravidienne et chinoise, leur ascendance africaine (génétique) et le patrimoine linguistique et idéologique commun.

Nous montrons en effet à travers ces exemples, que des peuples asiatiques descendants des peuples africains, parlent des langages apparentés à ceux de leurs peuples parents. Ainsi, les locuteur des langues Tamouls parlent une langue similaire à celle du peuple Mafa du Cameroun, dont ils descendent. Ailleurs, au Japon, en Corée ou en Chine, de nombreux faits spirituels et linguistiques Kongo sont intacts dans certaines structures grammaticales, dans le lexique et dans les conceptions Taoïste, Bouddhiste et  le Kongo Zen. La phonologie du japonais est en outre restée proche de celle du chinois d’avant les invasions mongoles et on y reconnaît une forte sonorité africaine, l’usage des préfixes et morphèmes Kongo en particulier.

Ces résultats tendent ainsi à confirmer l’ancienneté des langues africaines actuelles, la thèse de l’origine unique africaine du langage, que l’on peut situer en territoire Kongo. Ceci est cohérent avec les résultats antérieurs de la génétique sur l’ADN mitochondrial humain et les résultats de l’étude de K. Atkinson sur l’origine du langage, tous deux situés dans la même aire culturelle et linguistique (Kongo/Angola).

Par ailleurs, notre étude nous amène à formuler l’idée que l’évolution des langues n’est pas forcément homogène et l’éloignement phonétique, morphosyntaxique, vis-à-vis de la langue originelle, serait fonction non pas du temps uniquement, mais plus encore de l’éloignement géographique et culturel à ce foyer originel. Ce qui expliquerait que des langues comme le Tamoul et d’autres langues d’Afrique centrale aient conservé une telle stabilité malgré des millénaires.

La génétique des migrations

Les populations qui peuplent aujourd’hui l’Asie du Sud ont migré d’Afrique centrale, occidentale et orientale, il y a environ 60 000 ans. Les flux migratoires ont continué jusque plus récemment. Les populations dravidiennes, qui y sont les plus anciennes, y représentent le principal apport génétique et culturel[1]. Ils descendent en effet de la population dite capsienne, qui a longtemps été unifiée au niveau culturel de l’Afrique à l’Asie du Sud[2].

Le peuplement de la terre depuis l'Afrique

Le peuplement de la terre depuis l’Afrique

La génétique de ces populations permet d’établir avec certitude et avec une relative précision à quelles populations africaines actuelles elles sont génétiquement liées :

Elles sont porteuses des haplotypes L3[3] (originaire d’Afrique de l’Est), M1 HG, D. Ces groupes trouvent leur origine dans les populations qui vivent au Kongo, au Soudan, en Éthiopie, au Sénégal, au Cameroun et au Nigéria[4].

Ces populations auraient migré à travers les côtes de l’Océan Indien, en traversant l’Indonésie, puis peuplé entre autres le Japon, le Sud de la Chine, l’Inde[5]. Par exemple, les japonais appartiennent principalement à l’haplotype D, originaire d’Afrique, et leur patrimoine génétique a  été massivement dissout par les invasions mongoles.

Ces faits sont confirmés par de nombreux chercheurs, africains, asiatiques, européens. Le professeur Nobuo Takano[6], émettait en 1977 la thèse d’une origine africaine de l’humanité et proposait que les asiatiques, qu’il nommait la « race jaune », seraient le résultat d’un mélange entre des peuples « blancs » et les autochtones noirs de l’Asie.

Runoko Rashidi[7], spécialiste des migrations africaines en Asie et dans le Pacifique, nous apprend que la présence africaine noire « negritos » est toujours bien visible de nos jours quoique peu mise en avant. Il nous livre en ces termes ses découvertes, lors de son premier voyage de recherches au Japon, en 1994 :

 

« a Feb. 15, 1986, report carried by the Associated Press, chronicled that:

“The oldest Stone Age hut in Japan has been unearthed near Osaka. … Archaeologists date the hut to about 22,000 years ago and say it resembles the dugouts of African bushmen, according to Wazuo Hirose of Osaka Prefectural of Education’s cultural division. `Other homes, almost as old, have been found before, but this discovery is significant because the shape is cleaner, better preserved’ and is similar to the Africans’ dugouts.”

In 1923, anthropologist Roland B. Dixon wrote that “this earliest population of Japan were in the main a blend of Proto-Australoid and Proto-Negroid types, and thus similar in the ancient underlying stratum of the population, southward along the whole coast and throughout Indo-China, and beyond to India itself.” Dixon pointed out that, “In Japan, the ancient Negrito element may still be discerned by characteristics which are at the same time exterior and osteologic.” »

L’aspect génétique est clairement établi, cependant, la recherche en linguistique est encore le lieu de nombreux débats entre les tenants d’une origine régionale, locale du langage, contre une origine unique.

Culture et philosophie : un héritage africain

Ce sont des locuteurs du Tamil et ses langues africaines voisines, qui ont les premiers peuplé la vallée de l’Indus et apporté leur culture, qui a formé le moule du bouddhisme, du taoïsme et du shintoïsme.

Les fondements même du bouddhisme font écho aux conceptions du Bu Kongo (philosophie et spiritualité Kongo).

Le bouddhisme a enfanté le taoïsme, puis le Kongo Zen ou Zen Kongo[8]. A la base de ces philosophies, la relation spécifique entre l’homme et la nature qui l’entoure. Dans le Taoïsme et le bouddhisme, l’homme évolue entre les forces de la nature dont les deux fondamentales sont le yin et le yang[9]. Mais plus fondamentalement encore ces deux notions sont unies en équilibre dans la figure du 執金剛神 (Shu Kongo Shin). Au Kongo, la force vitale Yisu est incarnée dans Kongo Nzinga ou Nzinga Kongo[10]. Celui-ci est à la fois une figure divine et la représentation de l’idéal humain qui a atteint l’équilibre entre les multiples aspects de son existence[11] (matériels, sociaux spirituels, physiologiques, intellectuels).

Le tao est matérialisé dans sa dynamique par une roue divisée en deux couleurs (noir et blanc) et chacune étant légèrement emprunte de l’autre. Cependant, le Kongo Zen, répartit la vie de l’homme en quatre aspects : terre-ciel-intérieur-extérieur. Le logogramme représentant cette notion[12] est une forme stylisée du cosmogramme Kongo, elle aussi, répartissant l’homme entre ces quatre notions[13].

2 Cosmogramme du Kongo Zen dans le Shorinji Kempo et du Kongo (forme stylisée/dynamique)

2 Cosmogramme du Kongo Zen dans le Shorinji Kempo et du Kongo (forme stylisée/dynamique)

 

  • Shu est un mot d’emprunt dont la racine est africaine[15] (cognat avec le Kikongo[16]« Yisu » et le « Kemetique »[17] : *Shu) et qui désigne la force créatrice universelle incréé et accessoirement l’air.
  • Shin désigne le « véritable », le « divin », la « force vitale qui fait se mouvoir la nature », cognat avec « Nzinga » et « Simbi ».
  • Kongo: semblable au diamant, majestueux, divin, indestructible, puissant cognat avec « Kongo ».

 

Le terme 執金剛神 a fini par devenir un vocable générique pour désigner n’importe quelle divinité portant dans sa main le Kongo, un Vajra, diamant, ou l’éclair, symbole de puissance invincible et absolue ou encore de la vibration à la base de tout mouvement. 執金剛神 allie en lui le Yin et le Yang, comme le Dieu Ne Kongo/Kongo (Kemetique : Konso/Kongo).

Plus on pénètre l’esprit de la philosophie taoïste ou indienne ancienne, plus on retrouve de nombreux éléments de la philosophie Kongo, à l’identique. L’étude des pratiques martiales Kongo et africaines en général, de leurs postures de combat, toujours encadrées par les mêmes codes, renforce encore cette idée. Cette étude demande à elle seule d’aborder le sujet dans un format qui dépasse le cadre de cet article. Nous y reviendrons donc dans une prochaine publication et nous concentrerons maintenant sur les aspects linguistiques.

 

3 Cosmogramme Kongo, dans sa forme canonique

3 Cosmogramme Kongo, dans sa forme canonique [14]

 

Similarités Phonologiques et Sémantiques des langues africaines et des langues asiatiques : vers l’établissement d’un arbre généalogique ?

 

Les langues dravidiennes sont génétiquement liées aux langues africaines. Plus précisément, aux langues Niger-Congo[18]. C’est-à-dire qu’elles partagent des racines communes et un ancêtre commun. Le Tamoul (ou tamil) dérive d’une langue encore parlé à ce jour au Cameroun, dans les montagnes de Mandara, notamment par le peuple Mafa. Cette langue partage près de 1000 racines communes avec le coréen et de nombreuses racines avec le japonais, le chinois.

Le Tamil est d’ailleurs resté identique durant ces 2500 dernières années[19] et a très peu varié depuis le départ des ancêtres africains de ses locuteurs, si l’on en croit la quasi identité entre la forme parlée actuellement au Mandara et celle parlée en Inde[20] .

Lexique, tournures de phrases, sont quasiment identiques à en croire les spécialistes du tamil, qui ont étudié les langues africaines.

Lexique :

Mafa                                      Tamil                          Français

Thara abarbara                                 Tharai varavara                 le sol est sec

Malu kotte/i                                       MaluKotti/kottirumbu      fourmi noire, piqueuse noire/fourmi piqueuse

Jegala bak                                           Sevala vai                             Fourmi rouge

Idu Yena ma ?                                    Idhu Yenna ma ?                Qu’est-ce que c’est (objet proche) ?

Adu Yana ma ?                                   Adhu Yanna ma ?              Qu’est-ce que c’est (objet lointain) ?

Pudi !                                                    Puddi !                                  Je l’ai ! /Attrapé !

I ngi ku !                                               In gir ku                              C’est ici !

 

Lois phonologiques :

(Mafa) G/J à (Tamil) S. Par exemple : Galam/Jalam à Salam

V à b (Mavan à Magan)

E à i (kotte à kotti)

N à nn (yena ma à yenna ma)

D à dd (pudi à puddi)

A la lumière de ces éléments, il apparaît raisonnable de penser que d’autres langues africaines auraient conservé des affinités encore perceptibles, avec des langues asiatiques modernes d’une part. La théorie d’une origine multirégionale du langage et en particulier de langues si distantes et sans relations soutenues, ne permet pas de rendre compte de cette proximité, mieux que la filiation.

En effet, ces populations sont trop éloignées dans le temps et dans l’espace et aucun afflux massif et récent de populations dans un sens ou dans l’autre, n’est donc susceptible de laisser supposer que les racines communes à ces langues seraient des emprunts. Qui plus est, la sémantique et le symbolisme renforcent la thèse d’un héritage africain.

D’autre part, on peut aussi supposer que d’autres langues africaines ont préservé leur structure et leurs lexiques comme le Tamoul. Cette idée serait renforcée par la présence non accidentelle de lexiques communs issus de ces langues, dans les langues asiatiques modernes.

La parenté linguistique est donc l’hypothèse qui semble la plus probable, puisqu’étayée aussi par la génétique et l’archéologie.

Le Kikongo et le Japonais partagent aussi un important lexique commun. Ces racines, sont identiques par leurs aspects phonétiques (sons), leur structure consonantique et leur sémantique. Même là où des phonèmes ont pu glisser (/*a/>/*u/, /z/>/dz>, /-a*/>i), la réalisation des tons est identique (hauteur, longueur, attaque).

De plus, les syllabes des mots japonais, comme dans le Kikongo, lorsque prises individuellement, sont souvent porteuses de sens. Il est frappant de constater que même dans ces cas, le sens est conservé syllabe par syllabe.

Japonais                      Kikongo                       Français         

いいえ  : /iie/                     /ée/                       non

はい : /hai/                         Eê/inga                 oui

水 : /mizu/                           maza                     eau

分か: /waka/                      baka/bakisa         comprendre

金剛: /kongo/                     Kongo                    diamant, indestructible, puissant, divin, majestueux,

全 : /Zen/                             Nzila/Nza             la voie, le chemin, le domaine, le paradigme

なに: /naani/                      nani                       qui (kg), que (jp) ?

か: /ka/                                ka, ko, ki                esprit, essence de, feu, flamme

どこ : /doko/                      *kwe                     où ?

佳三: /kami[21]/                    Kemi                      Grand seigneur, Excellent, supérieur, divin, complet

枯 : /ko/                               ka/ko                     mourir(jp)/tuer(kg)

シン : /shin/                        simbi/nzinga        force divine, force vitale, force de la nature,

田 : /ta/                                ‘to, nza                  champ, sol

王 : */ou/                             nkuwu                   roi, souverain, régent

火/気: /ka/ /ki/                   ka/ki                      flamme, force créant le mouvement de l’univers

風: /fu/                                 fula                        vent, respiration, créativité (jp), souffler, respirer (kg)

空:/sora/                              zula                        ciel, univers, ce qui dépasse l’expérience humaine

地 : /chi/                              nsi                          terre, territoire,

ここ: /koko/                       koko                       ici

四: /yo/                                ya                           quatre

男: /otoko/                          *toko                     jeune homme

人 : /ito/                               muntu                   une personne

父 : /chichi/                         se                           père

根 : /ne/                               sina                        racine

皮 : /kawa/                          nkanda                  peau

飲む: /nomu/                     nwa                       boire

吐く: /haku/                       luka                        vomir

見る: /miru/                       mona                     voir

象:/zou/                               nzau                      éléphant

飛ぶ:/tobu/                        tombuka               s’envoler

乾く:/kawaku/                   Kawuka                 sec

と:/to/                                  ye                           et, avec

から:/   kara/                     kadi                        parce que

名: /*na/                              zina                        nom

 

Préfixes :

De nombreux préfixes et suffixes sont similaires en Kikongo et en Japonais. Il est vrai que lorsque de nombreux mots sont empruntés d’une langue à une autre et que ceux-ci contiennent des préfixes, la langue réceptrice a tendance à intégrer le principe de préfixation dans ses propres structures.

Cependant, il n’existe pas d’échange prolongé dans l’histoire, entre le Kongo et le Japon, permettant un emprunt massif de vocabulaire dans un sens ou dans l’autre. De même, ces deux langues ont évolué séparément de sorte que l’on ne peut parler de développement parallèle.

La quasi-identité des affixes Kongo et Japonais peut donc valablement être analysée comme un héritage d’un état antérieur commun.

 

以 (japonais)/Yi (kikongo)

« 以 /yi/- », en japonais équivaut à « Yi- » en Kikongo et désigne le superlatif ou le mélioratif. Par exemple, en Japonais, on a « 上:/jou/ (haut) », « 以上 /YiJou/ (le plus haut)». En Kikongo « mbi » (mauvais) à Yi-mbi pire ou le plus mauvais.

真(japonais) / Ma – Me (kikongo)

« 真 /Ma/- » équivalent à /Me/ en Kikongo, sert à intensifier le sens d’un mot. Par exemple « っ赤 /kka/ » (rouge) à « 真っ赤 /Makka/ » (rouge profond) et en Kikongo, on a « mbwaki » (rouge) à « Me Mbwaki »  (rouge profond).

反(japonais) / Kani (kikongo)

On a encore  le préfixe 反 (/(k’)HAN/) qui comme son équivalent Kikongo « Ka-/Kani- » sert à exprimer une opposition ou un contraire (français « anti »). Ex : nzazoni : électron, kaninzazoni : anti-électron.

毎(japonais) / Maa (kikongo)

毎 (/Mai/) « Maa » désigne une répétition une habitude ou une loi. Ex : « 毎月 /mai tsushi » (annuel/chaque année) Maamvula (annuel, chaque année).

部(japonais)/ Bu  (kikongo)

部 (/bu/) est un suffixe en japonais et il désigne l’abstraction comme dans « 全 /zen/ » (entier, total) à 全部 /zenbu/ (la totalité), alors qu’en kikongo on le place en préfixe comme dans mosi (un), bumosi (la solitude).

小(japonais)/ki (kikongo)

/ko/ exprime la petitesse. Ki : Simbi (force de la nature, force divine), kisimbi (émanation à moindre échelle de la force de la nature, de la force divine).

非(japonais)/K’ii  (kikongo)

非 – (hi) : préfixe de la négation. Ex ; 常 habituel, 非常 inhabituel. En Kikongo k’ii ou kayi.

み(japonais)/mii  (kikongo)

み /mii/ : préfixe honorifique que l’on utilise que pour désigner l’empereur ou dans le domaine spirituel. On peut encore l’utiliser pour rendre certaines expressions plus poétiques. En Kikongo, « Maa » : Nsambi (nom Nsambi) à Maa Nsambi (le grand, sa majesté/l’honorable Nsambi).

さま(japonais)/sama (kikongo)

さま /sama/ : est utilisé en préfixe en japonais, pour désigner une personne de plus haut statut que soi (statut social, grade plus élevé, compétence plus élevée). En Kikongo sama est un suffixe, qui désigne le statut supérieur d’une personne. Il peut être aussi employé en nom commun pour désigner la plus haute instance d’une discipline, d’une société, etc.

 

Conclusion :

Les nombreuses similitudes non-accidentelles entre les langues africaines et asiatiques, séparées de plusieurs milliers d’années et de kilomètres, soulèvent d’importantes questions, que la vision dominant actuellement la linguistique, de grandes familles de langues ayant évolué indépendamment, ne permet pas de prendre en compte.

En effet, les régularités et similitudes observées ne peuvent pas être accidentelles. Qui plus est, la génétique et l’archéologie confirment que les facultés cognitives de l’homme il y a 150 000 ans étaient déjà similaires aux nôtres.

L’étude des systèmes philosophiques même succincte permet d’étayer davantage cette idée.  Si bien qu’exclure le langage, alors que l’on avait déjà des communautés humaines qui avaient besoin de communiquer, d’échanger, de communier, dans leur vie de tous les jours, semble difficile. Il semble donc cohérent que les tous premiers groupements humains, aient partagé un langage commun, lequel se serait exporté avec chaque groupe qui quittait la communauté originelle africaine.

Dans ce contexte on peut s’attendre à ce que leurs langues se modifient à mesure qu’ils quittent le foyer d’origine, du fait à la fois de nouveaux environnements à nommer et décrire, de nouvelles situations sociales et politiques, ou encore du fait de l’absence de standardisation de ce premier langage.

Dans cette optique, il n’est pas exclu que des langues exportées ou restées en Afrique aient conservé une large part de leur stock initial.

Le Tamil offre en cela une illustration édifiante d’une langue africaine restée presque intacte après 50 000 ans de séparation. Ceci ouvre la voie à l’étude des autres langues africaines voisines et notamment la question de leur antiquité. En cela, le vocabulaire Kongo hérité dans la langue japonaise, nous ouvre de nouvelles possibilités et perspectives sur l’ancienneté des langues africaines : les locuteurs des langues dites dravidiennes et sud asiatiques, sont génétiquement des descendants de ceux des langues Niger-Congo. La question de l’ancienneté de ce groupe linguistique peut donc être abordée sous un angle nouveau.

Qui plus est, le tamil, lié génétiquement aux autres langues sud asiatiques, est un dérivé très proche d’une langue encore parlée aujourd’hui en Afrique si bien que l’idée d’une origine commune et unique du langage, en Afrique, il y a au moins 60 000 ans, semble la plus plausible et en accord avec la génétique des migrations.

Il sera opportun de mener une étude comparée sur les systèmes d’écritures africains, le tamil, les écritures chinoise et japonaise. Leurs formes et philosophies peuvent en effet nous éclairer d’avantage sur le patrimoine culturel qu’ont emporté avec eux les premiers explorateurs et découvreurs de l’Asie.

De plus en plus, nous pouvons affirmer une haute antiquité des langues et cultures africaines, de même qu’une origine commune et unique du langage.

[1] Sergeant B, 1992, la Genèse de l’Inde. Paris : Payot.

[2] Lahovary N,  1963, Dravidian Origins and the West, Madras : Longman

[3] Kivisild et al, 1999, In Genomic Diversity, pp 135-152

[4] Sastri N., 1954, History of South India. Cumberledge : Madras

[5] Quintana-Murci et al, 1999, Genetic evidence of early exit of Homo sapiens sapiens from Africa through eastern Africa 23 :437-441.

[6] Takano N, 1977, 黒人–>白人–>黄色人, « Noirs géniteurs des gens de race blanche jaune », ed. 三一書房

[7] R. Rashidi, 07/09/2014 article disponible ici The World of Sakanouye No Tamuramaro: Black Shogun of Early Japan

http://atlantablackstar.com/2014/09/07/the-world-of-sakanouye-no-tamuramaro-black-shogun-of-early-japan/

[8] En Kikongo on vocaliserait en « Nzila Kongo » ou « Nza Kongo ». La philosophie Zen indique que la voie vers les cieux/le divin se situe dans le cœur de chaque personne. Le Nza Kongo, Bu Kongo ou Nzila Kongo postule de même, que l’étape indispensable à la communion avec le divin est un long chemin à la découverte de soi-même, de son propre cœur.

[9] L’essence du karaté-dō d’Okinawa – Shoshin Nagamine – Vigot Éditions

[10] Les racines du karate-dō – Guy Juille – Budo Éditions

[11] Le Kobudo d’Okinawa – Kenyu Chinen- édition « Sedirep »

[12] Martinson, Paul Varo. A theology of world religions: Interpreting God, self, and world in Semitic, Indian, and Chinese thought (Augsburg Publishing House, 1987).

[13] Schipper, Kristopher and Franciscus Verellen. The Taoist Canon: A Historical Companion to the Daozang (Chicago: University of Chicago, 2004).

[14] Tukula : rouge, ciel, aspects externes, sociaux. Luvemba (couleur : blanc) : yang, lumière, gauche, impair, la force –  Kala (noir) : yin, symbolise l’existence, le mystère, la compassion et l’amour – Musoni : jaune, la terre. Ce sont les quatre catégories de base que l’on retrouve dans le Kongo Zen

[15] Sharot, Stephen. A Comparative Sociology of World Religions: virtuosos, priests, and popular religion (New York: NYU Press, 2001)

[16] « Alexander the Great, East-West cultural contacts from Greece to Japan »

[17] K. Nsiangani, Lexique Kikongo Kemitique, Kinshasa, 2011, et Bentley H, 1897

[18] Ibid. pp 13-21

[19] Maloney, Clarence (1970), « The Beginnings of Civilization in South India », The Journal of Asian Studies (Association for Asian Studies) 29 (3): 603–616, doi:10.2307/2943246, JSTOR 2943246

[20] Liste par யாதும் ஊரே யாவரும் கேளிர், (Chinthanaiyalar Peravai), « Does modern day people from Cameroun speak a variant of Tamil language ? », 2014

[21] 佳 : « excellent, grand » 三 : « 3 fois », S’écrit aussi かみ  « La flamme/l’esprit » « complet/qui se suffit »,  神 : « être divin ».

 

Kibavuidi Nsiangani — http://muanakongok.wix.com/alienations


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