Émerveillés par le magnifique ballet rythmé des bombardiers dans le ciel, subjugués par le somptueux feu d’artifice des missiles dans la nuit, nous n’imaginions pas le déluge de feu qui s’abattrait sur nous…
nos yeux ont vu et nos oreilles entendu,
mais nos langues sont restées tacite de complicité
Alors, les mitraillettes ont crépité, les canons ont tonné, les bombes ont explosé…en réponse à notre silence.
En un instant,
l’ange de la mort est arrivé et la vie s’en est allée
les cris ont retenti comme des hurlements de désolation
le sang a sillonné les rues comme des fleuves de sacrifice
puis, les larmes ont coulé sur nos joues comme des ruisseaux de tristesse.
Autour de nous,
l’enfer avait remplacé le paradis
le chaos avait bouleversé l’ordre établi
laissant un paysage apocalyptique
de maisons éventrées et de villes saccagées,
de visages ravagés et de corps déchiquetés,
de bras coupés et de membres désarticulés
sur le bas côté des routes,
seules reliques de sacrifiés
des corps en décomposition resteront sans sépulture
Dans la tête des survivants,
vivent les souvenirs lancinants de femmes violées et abusées
et la mémoire traumatisante d’enfants chosifiés et abandonnés.
Dans le cœur des survivants,
demeure le sentiment humiliant d’avoir perdu dignité et humanité.
Car, par delà les pertes humaines et matérielles, la guerre a surtout détruit des âmes…
Par Matthieu Grobli