Il nous a paru important, eu égard aux récents événements, de soumettre à nos lecteurs cette communication qui se veut une tentative de restitution des faits historiques mais également un appel à une réelle commémoration d’un événement important pour la communauté kamite en premier, mais également pour toute l’humanité.
En effet, il y’ a à peu près d’une semaine, le 10 Mai 2014 pour être précis, La France commémorait l’ « abolition de l’esclavage ». Et comme toujours depuis qu’elle se soumet à ce rituel hypocrite, elle met en avant le fait que ce sont ses philanthropes qui sont à la base de cette abolition. Alors qu’il n’en est rien ! Les faits historiques s’opposent à cette construction mensongère, et nous allons tenter dans cette communication d’en apporter la preuve.
Pour ce faire, nous allons avant tout partir de la définition même du concept d’ « esclavage » ; ce que beaucoup de pseudo-historiens français ne font pas, se livrant ainsi à des sophismes et des contre-vérités ne permettant pas de « creuser l’abcès » sur cette pratique ignoble dont La France – pour ne citer qu’elle – est héritière.
L’Esclavage est une pratique essentiellement indo-européenne, qui autorise selon les lois en vigueur, la réduction d’un être humain à l’état de bien cheptel et/ou à l’état de bien meuble.
Malgré les tentatives avortées de certains pseudo-historiens de vouloir universaliser cette pratique, il est certains que KaMa n’a pas connu sur ses terres avant le contact avec les arabes et ensuite avec les occidentaux, une quelconque philosophie de l’être humain qui devrait aboutir à une telle pratique. Nous pouvons certes concéder qu’il existait des catégories de dépendances à KaMa comme partout ailleurs. Mais il est absolument impossible de démontrer que les kamites estimaient que certaines catégories de leurs familles devaient être considérées comme des objets ou du bétails, et qu’il fallait « les traire jusqu’à ce que le sang sorte … », selon un texte de Caton l’ancien (« De Re Rustica »), les vendre comme des bêtes de somme, et les faire travailler de manière inhumaine, abuser physiquement d’eux, les exposer comme des objets, etc
Jamais un philosophe kamite de l’antiquité n’ a pensé l’esclavage, jamais un Roi Kamite de l’époque ne l’a promulgué dans une loi ; jamais un prêtre kamite n’a écrit dans un texte religieux que l’esclavage était quelque chose de « normal » ; et cela même après l’entrée des arabes à KaMa, en 639 de notre ère ! Si les falsificateurs de l’histoire connaissent des africains qui ont prônés et pratiqués l’esclavage avant le contact avec les arabes et les occidentaux, qu’ils nous citent leurs noms, et qu’ils nous portent la contradiction. La vérité historique ne pourra qu’en être enrichie.
Par contre, il est aisé de démontrer que l’esclavage était pensé et pratiqué depuis des temps immémoriaux dans le berceau indo-européen. Nous avons par exemple encore en mémoire les propos d’Aristote dans son premier livre sur La République, ou il justifie l’esclavage ; pour ne citer que cet exemple. Pour le cas de La France – ce qui nous intéresse particulièrement dans notre communication – nous y reviendrons plus bas.
Une autre preuve de l’inexistence de l’esclavage à KaMa, est qu’il n’existe AUCUN mot dans toutes les langues africaines anciennes et même modernes, pour désigner cette pratique. Le mot même « esclave » n’est pas kamite ! Il vient du mot « slave », qui désignait une population de l’Europe centrale et de L’Est que les grecs et les romains allaient razziés pour les réduire à l’état de bien cheptel.
Il est un fait que ce que qui est culturel est socialement normé et exposé ; donc nous aimerions bien savoir où se trouve à KaMa des chartes, des lois, qui autorisaient l’esclavage, et où se trouvaient ces espaces (marchés, etc) à KaMa où les kamites venaient vendre librement leurs sœurs et leurs frères selon les lois de l’offre et la demande, comme cela se faisait en Europe par exemple. Il existe tout au plus des citadelles de combats, de guerres, des forts, qui attestent que il y avait lutte pour pouvoir obtenir des « esclaves » et les acheminer vers d’autres continents.
Il est aussi intéressant de constater que même dans la religion des arabes, des juifs, des chrétiens, la pratique de l’esclavage est reconnue, admise. Elle n’est pas du tout condamnée. Par exemple le patriarche « hébreu » Ben Tera, qui deviendra plus tard Abraham, pratiquait le commerce des êtres humains comme nous révèle La Bible, dans Genèse chapitre 17, verset 26 à 27. Par contre, il n’existe aucun texte religieux africain qui prône ce genre de pratique.
Ce que nous connaissons donc pour KaMa concernant l’esclavage, c’est que cette pratique était interdite, dès lors que les autochtones du continent l’aient constatés au moment du choc douloureux de leurs civilisations avec celles des arabes et des européens ensuite. Que certains kamites aient pu collaborés par contrainte ou opportunisme lors des « razzias négrières » ne peut en aucun cas constitué un argument pour établir que l’esclavage fut une pratique inhérente à KaMa et à sa culture. Comme il nous viendrait jamais à l’esprit d’affirmer que les français étaient également des nazis, alors que nous savons que beaucoup d’entre eux ont collaborés avec le régime hitlérien. Et il ne s’agissait pas seulement du petit peuple qui collaborait, mais d’un grand nombre de l’élite française.
Face à cette entreprise odieuse qu’est l’esclavage, les kamites ont farouchement résistés non seulement à KaMa mais aussi là où ils étaient déportés, jusqu’à leur libération. Et c’est par honnêteté intellectuelle et même par décence que l’humanité toute entière donc devrait rendre hommage à toutes ces victimes, tous ces résistants, et c’est le jour où ils ont EUX obtenus leurs libertés qui devrait être commémorer. Et non Le 10 Mai qui est une date de « compromis », car les français sont naturellement fébriles à l’idée de commémorer la vraie date de l’abolition de l’esclavage, qui est en fait la date de leur échec cuisant face aux grands résistants des Antilles !
La France esclavagiste :
La traite négrière française existait déjà depuis le 16ème et le 17ème siècle (1688 à Nantes et Saint-Malo, 1672 à Bordeaux, etc …mais c’est en 1503 que les premiers kamites sont déportés à Saint-Domingue) ; mais la première grande entreprise esclavagiste française a vu le jour en 1673 ; bien qu’il existait depuis La Compagnie des Indes fondée par Colbert, celle-ci n’importait pas d’esclaves. La même année, Louis XIV dissout La Compagnie des Indes et créé La Compagnie du Sénégal qui elle, fournissait des esclaves à L’île de Saint-Domingue.
C’est sous l’influence de la sinistre Madame De Maintenon qui a vécu 12 ans en Martinique, que Louis XIV créa en 1674 le monopole de la ferme du tabac ; ce qui eu pour conséquence la chute des prix et l’incitation des colons à se tourner vers la culture de la canne à sucre importée du Brésil et qui était désormais plus rentable. C’est de là que commença le commerce dit « triangulaire », c’est à dire entre La France, L’Afrique et Les Antilles. Petit à petit, ce sont les noirs esclaves donc qui vont remplacer les travailleurs européens engagés mais jugés peu « productifs » par rapport à ces hommes noirs baraqués.
C’est dans ce contexte donc qu’a été rédigé le sinistre Code Noir par le non moins ténébreux Ministre Colbert et promulgué en 1685 par Louis XIV , pour réglementer l’esclavage et le commerce des êtres humains. Ce document pose donc juridiquement que l’esclave est dépourvu d’existence juridique, d’humanité même, parce que … « bien meuble » (Article 44 du « Code Noir »). Il peut donc de ce fait être vendu, transmis par héritage, etc
C’est en 1716 et 1727 que Le Duc D’Orléans par ses patentes permit aux principaux ports français de « faire librement le commerce des nègres ». Près de 17 ports français participèrent à plus de 3.000 expéditions négrières. Le port de Nantes fut le plus grand port négrier français, tandis que d’autres ports participaient uniquement à l’armement de navires négriers (La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille). D’où la question que nous nous posons : si KaMa vendait librement des esclaves, pourquoi fallait-il aller les chercher avec des bateaux armés de canons, des armes à feu, des filets de capture, etc ?! A-t-on déjà vu un commerce libre s’effectuer dans de telles conditions de guerres ?
Progressivement, il est apparu au XVIIIème siècle une aristocratie négrière qui détenait les places les plus importantes dans les sociétés portuaires. Cette aristocratie négrières forma un lobby qui infiltra peu à peu les sphères du pouvoir ; ce qui fait que sous « la restauration », la plupart des maires des villes cités ci-haut sont des négriers notoires. Nous avons leurs noms, ainsi que ceux de leurs descendants dont certains aujourd’hui se permettent de tenir des propos racistes à l’égard des kamites de France. Comme l’adage dit : « tel père, tel fils » !
Le XVIIIème siècle est littéralement le siècle de l’apogée de la « traite négrière » en France. D’énormes profits sont engrangés grâce à ce commerce, et les négriers ne manquent pas d’imagination sordides pour faire encore plus de profits. Nous nous réservons de citer tous ces détails dans cette communication, car tel n’est pas le but. Cela sera développer dans notre ouvrage à paraître (« Maâ(.t)historiographie / Bushiwa Ku Kalé ; Essai sur la réhabilitation de l’historiographie non-idéologique. Parution : 21 Août 2015), dans le chapitre consacrer à l’esclavage.
Même pendant le siècle dit « des lumières », l’inhumanité du « nègre » et donc son commerce était justifié par les philosophes dits « de lumière » (des ténèbres en réalité), car beaucoup d’entre eux étaient bénéficiaires de la traite négrière. Ils ne pouvaient donc pas s’enlever eux-mêmes le beefsteak de la bouche, ce qui serait suicidaire.
En 1789, les révolutionnaires français rédigent la déclaration des droits de l’homme. Mais curieusement, elle n’aura AUCUNE conséquence aux Antilles. Il y a eu des débats entre les révolutionnaires français, pour savoir si la déclaration des droits de l’homme concernait également les nègres. Ce débat se conclura en 1791 ou l’esclavage fut confirmé dans les colonies par l’assemblée constituante, et en 1793 par la convention. Mais en réalité, la convention décrète que l’abolition de l’esclavage ne concernera que La Guadeloupe, et non L’ïle de La Réunion, ni L’ïle Maurice.
Il ressort donc de ces faits que la révolution française était fossoyeuse des libertés dans les colonies. La France discourait sur les libertés, sur l’égalité entre les êtres humains, mais cela ne concernait en rien les « nègres », et encore moins les femmes, aussi blanches soient-elles. Toutes les lois sur l’égalité prônée lors de la révolution française ne concernait en fait que le mâle blanc.
En 1802, Bonaparte, poussé par son épouse Joséphine dont la famille et les amis avaient d’énormes intérêts en Martinique, rétablit partout l’esclavage et la traite négrière, et cela « conformément aux lois et règlements en vigueur avant 1789 ». Pour appliquer sa loi ténébreuse, il envoie une force expéditionnaire à Saint-Domingue et en Guadeloupe qui a commis des crimes horribles à l’encontre des révolutionnaires qui ne voulaient plus revivre les crimes atroces déjà subis auparavant à cause de l’esclavage.
Malgré tout, les kamites de Saint-Domingue en sortent victorieux, et proclament leur indépendance en 1804 ; c’est l’établissement de la première république noire ; à savoir AYITI (dit « Haïti ») ! Et c’est le lieu de rappeler ici que contrairement à la révolution américaine et à la révolution française, seul la révolution ayitienne (haïtienne) à proclamer dans son droit positif que « tous les êtres humains naissent égaux, quels que soient leurs races, leur sexes, et leurs confessions religieuses. » ! Et cela s’est également traduit en acte. Il a fallut attendre De Gaulle en France pour que les femmes aient des droits. La femme française qui a osé écrire sa propre déclaration de la femme parce qu’elles étaient exclues des principes de la révolution française, a été brûlée vive ! Il s’agit d’Olympe de Gouges. Alors que les femmes de la révolution ayitienne occupait déjà de hautes fonctions de L’État. Jugez vous-même du décalage en terme de valeurs.
Si donc les kamites devraient commémorer un événement en rapport avec l’abolition de l’esclavage en France, c’est bien la date à laquelle les kamites se sont affranchis SEULS du joug de l’esclavage et de leurs bourreaux français (nous y reviendrons). Et cela sans l’aide et encore moins sans l’approbation des pseudo philanthropes français.
Dans la deuxième partie de cette communication, nous allons connaître les figures principales de la révolution et de l’affranchissement du peuple kamite des Antilles, dont nous sommes si fiers, et que nous vénérons et continuerons de vénérer siècles après siècles. Qu’il en soit ainsi !
Hotep !
Tshiwala-Ngalula Kalengayi