La liberté se trouve seulement dans l’esclavage La lumière se trouve seulement dans la nuit noire: les étoiles innombrables et des milliards de soleils ne brillent pas dans la journée, les sages ne se rencontrent pas dans un pays de sages, les millionnaires ne sont pas millionnaires dans un pays de millionnaires. La liberté préparée et donnée, la liberté dans un pays démocratique, n’est pas du tout la vraie liberté.
La liberté sauvegardée par la loi n’est qu’un esclavage. La paix sauvegardée par la loi n’est qu’une paix établie par la violence. La santé établie avec la médecine, ou par quelques instruments, est dépendante, incertaine, mendiante ou violatrice. Telle santé n’est qu’une honte vis-à-vis de tous les animaux les plus petits et les plus insignifiants. La vraie santé doit être établie seulement sur la conquête des mauvais facteurs qui menacent notre vie, sans employer aucune violence, ou plutôt sur une bonne entente coopératrice et complé- mentaire, un solidarité universelle ou une fraternité la plus intime, établie avec tous les facteurs malfaisants.
Les idées fondamentales de la médecine symptomatique, qui s’occupe de la destruction totale des facteurs malfaisants, sont enfantines, primitives, impraticables, exclusives, pré-coperniciennes. Le front ne peut pas exister sans l’arrière. Le bien n’existe pas sans le mal. La beauté ne peut pas exister sans laideur. La destruction totale des antagonistes est un suicide. La disparition complète de la laideur, de l’arrière, du mal ou de l’esclavage, signifie la mort de la beauté, du front, du bien ou de la liberté. Si l’union internationale des mouvements féministes condamne l’homme à mort comme responsable des guerres, et si elle l’exécute, c’est un suicide de toute l’espèce féminine en même temps. Georges Oshawa 2 La liberté a sa signification dans l’esclavage et dans les difficultés. La beauté a sa beauté seulement en présence de la laideur.
Travaillons donc à créer toutes les difficultés, tous les maux, toute la laideur et tous les malheurs, pour faire de nous un homme libre, beau, fort et heureux. C’est faire de la vie un roman d’aventures, comme celle de Tom Sawyer. La liberté se trouve seulement dans l’esclavage. La vraie santé s’établit seulement dans les conditions les plus anti-hygiéniques. Vous en avez vu tant d’exemples vivants parmi les soldats au front, pendant la guerre. Le bonheur doit être exploré au fond du malheur. L’endroit le plus assuré sous un bombardement violent, c’est l’endroit le plus proche de l’endroit où la dernière bombe vient de tomber. La médecine, ainsi que toute institution médicale moderne, a une orientation négative, pessimiste, défaitiste et malfaisante pour l’humanité. Que l’on comprenne bien que la liberté se trouve et s’établit seulement dans l’esclavage et au fond des difficultés.
La liberté ne doit pas être distribuée. La liberté doit être conquise par celui qui la veut. C’est pour présenter l’homme libre sur la scène que ce monde est créé. L’homme libre, fort, loyal et admirable se présente seulement et toujours dans la détresse, humilié par la violence. C’est seulement au fond des difficultés qu’on peut déployer tout son courage. La liberté réside seulement dans l’esclavage.
La belle fleur du lotus se nourrit et grandit dans la boue la plus souillée. Si le monde absolu, éternel et infini, le septième ciel […] est le monde réel, ce monde relatif, infinitésimal, limité, fini, doit être un monde faux et irréel. La plus grande vérité dans ce monde relatif et faux est donc la plus grande erreur dans le monde absolu et éternel. De même, le bien et le mal, la beauté et la laideur, l’honnêteté et la malhonnêteté, la fidélité et l’infidélité, les secours et la tuerie. Tout ce qui existe dans ce monde irréel, relatif et faux a la nature tout-à-fait contraire de son nom. Rien n’est vrai, ni réel, ni infini: tout est illusoire. C’est pourquoi un jour Sinran dit, à la stupéfaction de ses disciples: « Même les honnêtes peuvent être sauvés, pourquoi pas les malhonnêtes». Vraiment, donner la liberté à quelqu’un paraît bienfaisance à nos yeux, mais c’est dérober la liberté ou empêcher la germination de la faculté de liberté. C’est un grand crime.
Si vous aidez quelques pauvres mendiants, tous les jours, en leur fournissant de quoi manger, et cela pendant des années et des années, ils resteront mendiants toute leur vie. C’est commettre une erreur. D’ailleurs, vous ne pouvez pas nourrir des milliers de pauvres pendant des années. Tout ce que vous ne pouvez pas réaliser entièrement et pour toujours est toujours un bien limité, palliatif, ou un mal C’est pourquoi beaucoup d’honnêtes sont envoyés en enfer, tandis que beaucoup de malhonnêtes sont envoyés au paradis. […] La médecine moderne est-elle une superstition nouvelle ? C’est un meurtre social, universel, protégé par la loi. La médecine moderne est-elle la plus grande meurtrière dans toute l’histoire de l’humanité, plus destructrice que l’ensemble des guerres qui ont opposé les peuples à travers les âges ?
Extrait de la Philosophie de la médecine d’Extrême-Orient : Le Livre du Jugement Suprême
Georges Ohsawa