Catalyseur de nos émotions, l’autre est l’élément déclencheur de nos désirs, le révélateur de notre insuffisance, le stimulus activateur de notre intellect, artefact qui nous fait revenir à la vie consciente lorsque nous nous égarons trop dans la nébuleuse de l’imaginaire.
Il symbolise cette rose des vents que nous devons utiliser pour nous repositionner dans le plan réel du système existentiel dans lequel nous vivons et qui renferme le couple antithétique inhérent à toute chose.
Attirance-répulsion, amour-haine, lumière- ténèbres, bonheur-souffrance, vie-mort… ne sont elles pas des choses opposés mais pourtant unies intrinsèquement par la plus parfaite des communions ?
Alors pourquoi l’autre ne pourrait-il pas vivre en harmonie avec moi ?
Pétrifié par le fait que l’autre puisse devenir une pierre achoppement et un rocher de scandale, nous nous enfermons dans la sphère de l’isolement, nous cachons nos sentiments derrière une tour d’ivoire ou encore nous construisons une cuirasse d’airain aux allures impénétrable, mais il nous sera impossible d’empêcher notre pensée de voyager librement par delà l’espace et le temps et d’engendrer des âmes-formes.
Notre conscience individuelle fait partie intégrante de la conscience collective.
Bien que notre âme-groupe soit maculée de tâches sombres et sa belle figure scarifiée d’erreurs, la lie ne reste-elle pas au fond du récipient ?
La mémoire des peuples demeure dans les annales du monde comme gravée à jamais sur des plaques inaltérables.
D’aucuns essayeront de la falsifier et tenteront de récrire l’histoire de nos ancêtres sur des palimpsestes mais ils buteront ineffablement sur la marche du temps qui révélera aux yeux du monde leur imposture et consumera ce voile de facétie car la vérité est immarcescible et c’est elle qui rentera témoignage aux hommes au moment opportun.
Lorsque les mentalités auront évolué, lorsque la conscience humaine sera pleinement épanouie et constituera une bonne terre pour recevoir la semence de la vérité alors toutes choses seront dévoilées et la vérité triomphera du mensonge.
Lorsque la roue de la fatalité aura achevé sa dernière ronde et que les captifs d’antan deviendront les rois et que leurs bourreaux auront pris leur place de martyrs dans un ultime cycle karmique, alors l’émergence de la Loi de l’équilibre établira l’harmonie entre les nations.
Il ne sera plus question d’inégalités entre les races, entre les nations et entre les individus car nous aurons compris que nous provenons tous d’une même quintessence, que nous appartenons à une même conscience collective et que nous partagerons donc le même héritage.
L’esclavage, la colonisation, le système de castes, et toutes sortes d’inégalités seront abolis et les différences de cultures, de races, de langues, de religions ou même d’idéologies deviendront consubstantielles à l’évolution de l’humanité.
Le temps arrive où les immigrés, les déportés, les exilés, les orphelins, les rebuts ne se feront plus refouler aux portes ni même mépriser à cause de leurs différences car l’étranger sera celui qui dans le soliloque quotidien de son existence n’aura pas appris à se connaître.