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L’ALIENATION CULTURELLE

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429925_217202051707941_1097067759_nComment l’histoire de Kama avec sa dimension coloniale a-t-elle impacté la vie des populations Kmt de partout dans le monde et encore de nos jours. L’aliénation culturelle peut être définie comme étant la privation de libertés, de droits humains essentiels éprouvés par une personne ou un groupe social sous la pression de facteurs permanents culturels qui l’asservissent à la nature ou à une classe dominante.
La conséquence directe est la perte d’identité culturelle de cette population qui se trouve dès lors obligée de s’assimiler à celle de son ancien colon. Comme si les Kmt étaient atteints du syndrome de Stockholm, caractérisé par le comportement paradoxal d’une victime qui éprouve de la sympathie allant jusqu’à l’admiration envers son bourreau.

Marcus Garvey, précurseur du panafricanisme, disait qu’un peuple ignorant son histoire était comme un arbre sans racine. En effet, loin de ses origines, de ses traditions, coutumes et croyances, n’importe qui serait dérouté. Prenons l’exemple d’un homme qui, ayant fait un grave accident, tombe dans le coma et se réveille avec une perte totale de mémoire, dans un pays qui lui est inconnu. Il ne sait d’où il vient donc ne peut que s’identifier à ceux qui vivent dans ce pays. Il sera amené à adopter leurs habitudes et à la longue finira par leur ressembler du point de vue culturel, se détachant de tout ce qui lui était familier jadis. Le noir a donc tendance à vouloir ressembler, et ce de façon inconsciente, à la population blanche qui l’a mis en esclavage puis colonisé. Cela est perceptible dans son quotidien, même si il a bien souvent du mal à se l’avouer, cela fait parti de lui, de son histoire.
N’oubliant pas de mentionner que chaque nation africaine a sa propre identité culturelle suivant les us et mœurs de son peuple. La cause principale est que le noir se sent obligé de s’oublier pour exister et se voir reconnaitre une certaine dignité humaine. S’aliéner lui permet de monter dans l’échelon social, s’approprier cette culture qui n’est pas la sienne lui sert de promotion sociale. En effet, malgré la fin de l’esclavage et de la colonisation, le noir garde en tête que l’homme blanc est celui qui réussit dans la vie, celui qui détient le savoir absolu et surtout le pouvoir de décider qui mérite ou non d’avoir une place de choix dans la société. Mais comme le dit un proverbe africain : un morceau de bois a beau séjourner dans le fleuve, il ne sera jamais transformé en caïman.

Par exemple, nos langues régionales africaines sont le plus souvent mises en dernière place après le français et l’anglais. Certains parents de la diaspora préfèrent d’ailleurs que leurs enfants n’apprennent pas leur langue africaine pour mieux s’intégrer en occident. Or la langue est le premier véhicule culturel d’une nation car à travers elle s’exprime la manière de penser de tout un peuple. En linguistique, l’hypothèse Sapir-Whorf révèle d’ailleurs qu’une langue peut indiquer la manière de penser et de réfléchir d’une personne. Ainsi, la culture et la façon de vivre influencent la manière de communiquer et à travers le langage, les idées et le comportement d’une personne peuvent être décelées. La langue nous permet donc de préserver nos coutumes. Parler celle des occidentaux, revient à assimiler le monde occidental. S’intégrer dans un pays étranger ne signifie pas systématiquement qu’il faut tourner la page et oublier d’où on vient.

En ce qui concerne l’aspect physique, beaucoup tendent à ressembler à des personnes blanches, en se défrisant les cheveux et en se décapant la peau tout en faisant abstraction du danger que renferme ces produits chimiques. Pourquoi l’homme et la femme noir avec sa couleur ébène et ses cheveux afro ne serait pas une personne belle au naturel ? Pourquoi ressentir le besoin d’être plus clair, avec des cheveux plus lisses et des traits fins ? Les médias et les produits cosmétiques actuels ne sont pas d’une grande aide dans ce domaine mais de plus en plus de personnes s’efforcent à faire accepter à la communauté noire qu’elle doit s’apprécier telle qu’elle est afin de se faire respecter.

Lorsque l’on ne sait pas d’où on vient, il est difficile de savoir où l’on va…

Comme l’explique Naturi Ebène, dans Le retour au naturel, pages 33 & 34 , la chevelure revêt une symbolique importante en Afrique, les coiffures de l’époque permettaient parfois d’identifier de quelle société ou région africaine provenait une personne [coiffure totémique, clanique, sociale]. Une fois capturés, les esclaves (homme comme femme) subissaient le rasage de leur cheveux afin qu’ils ne puissent plus communiquer. Plus qu’une perte capillaire, c’était avant tout une privation d’identité afin de les affaiblir et de les déshumaniser.

Lorsque les négriers arrachaient les esclaves à leur terre et les transportaient vers les Amériques, la traversée durait de nombreux mois, souvent plus de six mois. Les cheveux rasés des esclaves avaient le temps de repousser, et ceux dont les cheveux n’avaient pas été coupés, poussaient également. Nous pouvons très facilement imaginer à quoi peut ressembler une chevelure qui n’a pas été lavée, peignée ou soignée durant plus de six mois.

Et ce dans les conditions dramatiques dans lesquels étaient transportés les esclaves. A leur arrivée aux Amériques, ils subissaient en plus de leur condition d’esclaves, les railleries auteur de leurs cheveux sales et non entretenus. A cette époque, une des punitions que les maîtres infligeaient aux esclaves récalcitrants, était de leur plonger la tête dans une lessive d’eau et de soude caustique. Hormis les brûlures, les autres esclaves observaient que cette préparation lissait le cheveu en le défrisant. Les prémices du défrisage moderne était nés »

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