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TAHERUKA SHABAZZ CANDIDAT AUX ELECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2015 EN CENTRAFRIQUE

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10695180_722227967831493_308633339_nAfrikhepri : Vous assurez la présidence du Parti du Renouveau Panafricain et êtes candidat à la prochaine élection présidentielle en Centrafrique. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, qui est Tahéruka Shabazz?

Taheruka Shabazz : Je m’appelle Tahéruka Shabazz, je suis panafricain aux multiples casquettes, notamment celle d’universitaire, d’entrepreneur agro-alimentaire et d’homme politique d’obédience panafricaine. Je suis auteur de plusieurs ouvrages abordant des questions d’ordre géopolitique, économique, historique, philosophique et théologique mais toujours d’un point de vue endogène à l’Afrique. Parmi ces ouvrages « Le Viatique de la sortie », « L’opuscule Révélé », « Le Livre des commentaires » ou encore « Radhanites et la traite des esclaves ». Depuis mon retour définitif en Afrique il y a trois ans de cela, j’ai fondé une société de droit sénégalais appelé ISA CORP qui a vocation à produire et distribuer des produits agro-alimentaires pour le marché intra-africain. Et comme homme politique je suis à la tête d’une structure politique centrafricaine qui va par le nom de Parti du Renouveau Panafricain (PRP), qui bien évidemment s’inscrit dans la droite ligne des panafricains historiques des 19ème et 20ème siècles mais va plus loin en nourrissant et actualisant cette pensée dynamique endo-africaine.

Afrikhepri : Vous êtes aussi bien un homme technocrate que pragmatique ce qui constitue une force pour la gestion d’un pays, quels sont vos objectifs pour la Centrafrique et comment comptez-vous y arriver ?

Tahéruka Shabazz : Comme vous le savez en mettant sur pied le PRP et en investissant le champ politique nous franchissons un palier dans l’idée d’impacter notre génération, notre pays, notre Continent. Car nous savons que la politique en tant qu’activité de participation dynamique dans la vie de la société dans le but du bien commun est un instrument de choix pour qui souhaite influer sur la vie de ses compatriotes, de ses concitoyens. L’objectif immédiat en Centrafrique c’est le retour à la paix, à la réconciliation, à l’unité et à la concorde nationale. Et cela passe obligatoirement par l’exercice effectif du pouvoir par le PRP qui est le seul parti politique centrafricain d’obédience panafricaine. Par exercice du pouvoir il s’agit bien évidemment des leviers exécutif, législatif et judiciaire, ce qui passe par les élections générales à venir en 2015 auxquelles le PRP présente des candidats. L’histoire de l’Afrique du siècle dernier nous a montré que la seule pensée révolutionnaire, la seule doctrine libératrice qui ait produit des résultats ait été le panafricanisme. Donc c’est par une approche panafricaine et plus précisément « géo-panafricaine d’expansion » (notre doctrine) que nous comptons changer la donne au niveau social, économique, culturel, sanitaire et politique en Centrafrique dans un premier temps, en Afrique et sa diaspora dans un deuxième et troisième temps.

Afrikhépri : Une fois de plus le clivage religieux constitue un pierre d’achoppement sur le chemin du développement de l’Afrique. Comment allez-vous remédier à ce fléau et réconcilier chrétiens et musulmans?

Tahéruka Shabazz : La religion n’a jamais constitué une pierre d’achoppement dans le développement africain bien au contraire. En effet, celui qui ne comprend pas la dynamique de la religion dans les mouvements de libération de l’Afrique et de sa diaspora n’a pas compris le monde noir. Que serait l’Ethiopie sans l’Eglise orthodoxe autocéphale éthiopienne ? Que serait le Kongo sans tata Simon Kimbangu et la mission prophétique de son Eglise ? Que serait la Sénégambie sans l’islam confrérique et maraboutique ? Que serait l’Afrique du Sud anti-apartheid sans la théologie de la libération ? Que serait la révolution haïtienne sans le culte vodoun ? Que serait le paysage intellectuel africain sans l’apport d’un Jean-Marc Ela, d’un John Samuel Mbiti, d’un Kä Mana, d’un Fabien Eboussi Boulaga, d’un Peter Kanyandago, François Kabasele-Lumbala et autres Engelvert Mveng ? Bien pauvre, et sans aucune possibilité de perspectives d’un quelconque développement à commencer par le plus important, le développement humain qui est le moteur de tous autres types de développement. Aussi, il faut comprendre qu’il n’y a pas de conflit confessionnel en Centrafrique mais une tentative malheureuse de certaines forces obscurantistes d’instrumentaliser le fait religieux pour créer un clivage. C’est vrai que vue à travers les lunettes déformantes des mass médias occidentaux, cette impression semble réelle, mais rien n’est plus faux. Il n’existe pas de milices pro-chrétiennes ou de milices pro-musulmanes en Centrafrique, mais simplement des criminels qui s’en prennent à des communautés bien identifiées pour semer le trouble, créer des réactions qui justifieraient à posteriori leurs lâcheté. Mais sachez-le aucune milice ou groupe rebelle armé n’a une légitimité pour parler au nom des animistes, des chrétiens ou des musulmans en Centrafrique. Hier encore je parlais avec mon frère le président de l’association des intellectuels musulmans de Cenfrafrique ; et il me montrait des vidéos de ses petits frères qui protégeant l’église de son quartier contre les pilleurs et également et également des photos de sa maison familiale qui a été épargnée des vols et saccages parce que protégée par les cadets chrétiens du quartier. Pour vous dire que les facteurs semeurs de chaos ne se trouvent pas dans la population civile mais parmi les criminels armés instrumentalisés à leur insu et qui prennent les armes contre des innocents à des fins bassement pécuniaires.

Afrikhépri : La paix revenue, il vous faudra tout reconstruire… Pensez-vous qu’il soit préférable de suivre le modèle de vos prédécesseurs ou plutôt d’instaurer un nouveau paradigme panafricain en Centrafrique ? Quelle serait pour vous la « meilleure » Centrafrique du point de vue social, économique et politique?

Taheruka Shabazz : Ceux que je considère comme mes prédécesseurs sont des personnages comme les Marcus Garvey, le Très Honorable Elijah Muhammad, Henry Sylvester Williams, Amilcar Cabral, et autres Osende Afana. Ce sont eux qui m’inspirent, ce sont eux mes fondations intellectuelles. Donc je n’ai pas de nouveau logiciel panafricain à apporter, simplement une mise à jour à effectuer que nous nommons « géo-panafricanisme d’expansion » qui accorde une large part au capital humain, au génie propre, à la femme africaine, à la jeunesse africaine. Pour nous la meilleure Centrafrique c’est celle qui étudie et enseigne dans sa propre langue nationale, le sängö, qui est parlée sur toute l’étendue du territoire centrafricain et par tous les Centrafricains. C’est également le remplacement de l’écriture dite phénicienne au bénéfice de l’écriture proprement africaine qu’est le mandombé dont les ressources et les richesses sont encore insoupçonnées. La Centrafrique de demain c’est également celle qui s’appuie sur la doctrine économique panafricaine du khépérisme qui lui permettra de devenir un leader dans l’agriculture et assurer aussi bien l’auto-suffisance alimentaire que l’exportation vers les futurs pays en voie de développement que sont les pays occidentaux ; car leurs terres sont mortes, polluées comme leurs eaux par des quantités astronomiques de nitrates et autres pesticides issus de l’agro-business écolo-destructeur. Socialement c’est la réhabilitation des corps intermédiaires et la promotion du fédéralisme et de son principe de subsidiarité au niveau politique. Comme vous le voyez ce n’est pas la modélisation qui fait défaut, c’est la volonté politique, c’est l’absence d’une théorie de la prise de pouvoir. Et c’est ce que nous comptons combler avec notre entrée dans l’arène politique.

Afrikhépri : On se rappelle de discours de Martin Luther King « I have a dream », peut-on vous demander en tant que panafricain visionnaire quel est votre rêve pour le l’Afrique ?

Tahéruka Shabazz : Le Révérend King, c’est vrai caressait un rêve qu’il partageait avec les marcheurs de Washington du Lincoln Memorial pour les droits civiques. Mais comme j’aime dire souvent, « quand on rêve c’est qu’on est endormi ». Or que le Dr King est sorti de son sommeil, il a prononcé le 4 avril 1967 à la New York’s Riverside Church ce discours pointu qu’est « Beyond Vietnam » dont la réflexion géopolitique était poussée ; il a lancé la « Poor People’s Campaign » qui socialement est un ambitieux programme et projet de société e lutte contre la pauvreté. Et surtout il a écrit dans « Where Do We Go from Here: Chaos or Community » que le « Black Power est aussi un appel pour la mise en commun des ressources financières des Noirs pour atteindre la sécurité économique. A travers la mise en commun de ces ressources et le développement des habitudes de l’épargne et des investissements intelligents, le Noir jouera sa partition face au combat à mener contre problème de la déficience économique. Si Black Power signifie le développement de ce type de force au sein de la communauté noire, il s’agit alors d’une quête d’un pouvoir fondamental, nécessaire et légitime »
Donc en tant que panafricain héritier du Révérend Dr Martin Luther King Jr, nous tournons le dos au rêve pour embrasser une vision, celle de la « quête d’un pouvoir fondamental, nécessaire et légitime » pour l’Afrique et sa diaspora.

Afrikhépri : Quels conseils pouvez-vous donner à ces jeunes politiciens panafricains qui comme vous souhaitent devenir acteurs de ce nouveau paradigme africain ?

Tahéruka Shabazz : Je ne pense pas avoir suffisamment de bouteille en matière de pratique politique pour conseiller qui que ce soit, en revanche je ne peux qu’inciter, qu’inviter mes cadets et celles et ceux de ma génération qui ont la fibre politique de ne plus tarder et de se lancer à l’eau. Car l’Afrique ne souffre pas d’un trop plein de panafricain sur l’échiquier politique mais plutôt d’un déficit criant. Prenons notre courage à deux mains, prenons notre responsabilité et saisissons notre chance de produire un effet mélioratif sur les différentes politiques africaines.

Afrikhépri : Nous savons que « c’est la connaissance qui libère » et qui fait particulièrement instruire le peuple sur des bases solides. Comment voyez-vous la réforme du système éducatif en Afrique? (comment atteindre un taux d’alphabétisation d’au moins 80% ?)

Taheruka Shabazz : Vous savez nous sommes loin de ces objectifs médiatiquement spectaculaires tels que « 80% de la population d’une génération doit avoir le bac ». Ce n’est pas notre conception de l’éducation. Il ne s’agit pas de former des rats de bibliothèques mais des hommes et des femmes porteurs de valeurs, défenseurs de ces valeurs transmetteurs de ces valeurs. Aussi notre vision de l’éducation se rapproche quelque peu de celle de Sa Majesté le Roi Henry Christophe d’Haïti pour qui l’éducation était la base de tout et dont Le politologue haïtien René-A Saint-Louis écrit ceci : « Dans son système d’éducation, la priorité fut accordée à la technique. Tout élève, à quelque degré d’enseignement qu’il pût appartenir, devait connaitre un art manuel. Voulant à tout prix promouvoir l’éducation, il n’hésita pas à faire appel à des professeurs et techniciens anglais, français, américains ». Cette volonté de former des hommes et des femmes, de les doter d’une formation professionnelle en phase avec le monde nous pousse à instituer l’école en sängö en mandombé ; nous pousse à donner son importance aux beaux arts et aux belles lettres pour l’affirmation émotionnelle et la nourriture du génie créateur qu’on appelle aussi inspiration ; nous oblige à redonner à la science et à la technologie leurs lettres de noblesses. Et tout cela à travers les héritages des travaux des monuments de l’enseignement et de la pédagogie du monde noir comme Cheikh Anta Diop, Nelly Fuller, Marcel Diki Kidiri (pour le sängö) et bien d’autres encore.

Afrikhepri: Merci à Taheruka Shabazz pour cette interview afin de présenter, dans le cadre des préparatifs pour les élections présidentielle et législatives 2015 en Centrafrique, le Parti du Renouveau Panafricain ( P.R.P) dont il assure la présidence.


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