Traditionaliste, Amadou Hampâté Bâ affirmait aussi: « On se condamne à ne rien comprendre à l’Afrique traditionnelle si on l’envisage à partir d’un point de vue profane. » Cette réflexion pose un autre problème qui est celui de la compréhension mutuelle entre les cultures et les religions et, par conséquent, du dialogue ou de l’absence de dialogue entre elles. La connaissance de l’autre implique, en effet, d’adopter le point de vue de l’autre, – c’est ce qu’on appelle « le décentrement mental » -, de le connaître tel que lui-même se connaît, ou, en d’autres termes, de se rapprocher de lui, non en soi-même, mais en lui, faute de quoi on ne le comprend qu’à travers soi-même, ce qui est la pire manière de dialoguer. Ce qui est vrai pour le dialogue entre les cultures, l’est également pour la rencontre entre les religions. Mais elle implique en plus un respect mutuel qui est plutôt une sympathie au sens étymologique du terme. Elle implique un certain regard porté sur l’autre que Amadou Hampâté Bâ définissait ainsi, à la suite de Tierno Bokar : « Ce qu’il faudrait, c’est toujours concéder à son prochain qu’il a une parcelle de vérité
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