En moins de dix ans, la moitié des déchets de l’Océan Pacifique pourrait être récupérée et exploitée. Voilà ce que promet Boyan Slat, jeune étudiant néerlandais qui a réussi à financer son projet pour nettoyer les océans. Le 20 mai dernier, il annonçait le début de son projet ambitieux pour le printemps 2016.
Chaque année, 270 000 tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans les océans. Il y a deux ans, Boyan Slat présentait Ocean Cleanup, son projet de crowdfunding ayant pour but de nettoyer les océans des plastiques qui mettent en danger tout un écosystème. En septembre dernier, il atteignait alors ses premiers objectifs, récoltant 2 millions de dollars – 1,54 million d’euros.
Le jeune Néerlandais a annoncé il y a quelques jours, lors d’une conférence sur l’innovation, que son projet débuterait dès le début de l’année 2016.
Du haut de ses 20 ans, il raconte avoir pris conscience de la nécessité de nettoyer les mers à 16 ans, lors d’une expédition de plongée en Grèce où il a pu observer plus de sacs plastiques que de poissons. Face à l’indifférence générale et l’absence de sponsors, il crée sa fondation.
Élève de l’Université de Technologie de Delft, il choisit un site de financement participatif pour mettre ses idées en pratique. Au final, l’objectif est rapidement atteint : 38 000 personnes de 160 pays ont dépensé plus de 2 millions de dollars en 19 jours (environ 1,54 millions d’euros). Son TED a d’ailleurs été visionné 1,6 millions de fois. Au final, son idée est tellement audacieuse qu’il a été le plus jeune lauréat du Prix “Champions de la Terre” des Nations Unies.
Un système tout en simplicité
Le principe est simple : un système de longs bras flottants placés sous l’eau à des endroits stratégiques contre lesquels se colleront les plastiques. Ces derniers sont ensuite piégés, stockés dans une tour flottante et récupérés par camion-citerne quelques semaines après pour être recyclés. Cette “tour centrale” pourra contenir jusqu’à 3000 mètres cubes de plastique.
Le premier capteur de plastique sera en marche au printemps prochain, près de l’île de Tsushima située entre le Japon et la Corée du Sud. C’est Boyan lui même qui a annoncé la bonne nouvelle, le 20 mai dernier, à Séoul. Sera ensuite installée au même endroit une construction de deux kilomètres de large destinée à nettoyer la zone pendant deux ans. À Tsushima, pour 40 000 habitants, on compte un mètre cube de plastique rejeté dans l’océan par an et par habitant.
L’installation suivante a de quoi étonner. Entre la Californie et Hawaii, sera installé un “Plastic catcher” long de 100 kilomètres, en plein coeur de l’Océan Pacifique. C’est une zone de croisement de courants marins tristement célèbre pour son taux de pollution. Il espère y aspirer la moitié de la “soupe de plastique” présente dans ces eaux. Ce huitième continent, composé de déchets plastiques et non-dégradables continue de s’agrandir.
La vidéo qui suit en montre les conséquences.
Prochaine étape : 300 millions de dollars
Dans le Metro News hollandais, Boyan Slat s’est dit ravi que la “soupe de plastique”, comme le 50 000 milliards de particules de plastique flottants, puisse être réduite :
L’élimination des déchets est l’un des plus grands défis auxquels l’humanité est actuellement confrontée. La possibilité que nous avons maintenant, nous permet de contrôler l’efficacité et la durabilité du système.
Ce qui n’est pas précisé c’est que pour que la totalité du projet aboutisse et que l’ensemble des flots soit nettoyé, il faudrait au moins récolter 300 millions de dollars. C’est pour cela Boyan Slat a abandonné ses études à l’université : avoir tout son temps à consacrer à son projet et sa fondation pour élargir au maximum son action.
Et pourtant, pour beaucoup d’experts ce projet serait totalement irréalisable. Selon eux, l’initiative ne traiterait qu’une infime partie du problème de la pollution des mers. Boyan veut démontrer le contraire, avec le soutien d’une centaine de scientifiques et d’ingénieurs bénévoles. Il a également organisé une immense campagne de recrutement pour étoffer son équipe.