Homme de lettres et homme politique ivoirien.
Auteur prolifique, Dadié a l’avantage d’avoir livré à la postérité des œuvres du champ de la nouvelle, du roman, de la poésie, du théâtre et de l’essai. Parallèlement à une production littéraire féconde, il est doublement prix littéraire d’Afrique noir (Patron de New York, 1965 et La ville où nul ne meurt, 1968). Sa poésie, militante, se caractérise par une démarche elliptique et une appropriation décomplexée de son statut d’homme noir, comme en témoignent les vers :
Bernard Dadié – Tu dors
La nuit est bien silencieuse.
Tu dors
Et je veille.
Tu rêves sans doute
Et moi j’égrène nos souvenirs
Et t’écoutant respirer.
La nuit est bien silencieuse.
Tu dors
Et je veille sur notre amour.
Je remue nos songes qu’ensevelissent les jours
Je les tire de l’oubli pour les hisser sur le pavois,
J’ai retrouvé nos larmes d’enfants
La nuit est bien silencieuse.
Je suis le vieux guetteur
Qui monte la garde sur les remparts.
Je sais comment on prend une ville,
Je sais comment on perd un cœur.
Tu dors
Et je veille
Je suis le ciseleur des nuits étoilés,
L’orfèvre des Jours.
J’ai pour messagers les aurores,
Et l’arc-en-ciel des heures calmes.
Du temple de mon Dieu,
N’approche aucune odeur de sang
Nul sanglot de femme.
Je suis le vieux guetteur
Qui monte la garde sur les remparts.
La nuit est bien calme
Et tu dors…
Les hommes ont effeuillé mes songes
Je n’avais pas, pour paraître devant eux
Ma robe de lin,
Ils me demandaient un parchemin.
Je n’avais qu’un bouclier de guetteur.
Le jour point
Et, nous retrouverons demain dans le jardin
En poussières d’argent sur le rosier
Nos rêves d’enfants.
Je suis le vieux guetteur
Qui monte la garde sur les remparts,
J’ai dans les yeux, les aurores des temps anciens
Et dans la tête, la chanson des temps futurs.
Source : http://bengricheahmed.over-blog.com/article-bernard-dadie-104617661.html